La consigne qui rapporte

SOS d'une poubelle en détresse

Avant de vous parler de la consigne, voici pourquoi on a besoin d’elle : 

• Des montagnes de déchets ⛰️: on produit tellement de déchets qu’il serait presque impossible de tous les trier et les recycler. Chaque année,10 millions de tonnes de déchets plastiques finissent dans les océans. Soit l’équivalent d’un camion entier déversé toutes les minutes… 
  
  
•  De l'énergie (mal) dépensée 💥: produire des emballages neufs, ça pollue. En 2019, la production mondiale de plastique représentait 12% de la demande mondiale de pétrole. Et la production de plastique devrait doubler d’ici à 2050. 
  
  
• Les déchets, ça rapporte 💸  : selon l’ONG WWF, 1 kilo de plastique coûte 10 fois moins cher à produire qu’à gérer. Les industriels ont tout intérêt à produire du plastique neuf, plutôt que de gérer son cycle de vie. 

Ok, on produit des déchets, mais il y a quand même le tri & le recyclage. Non ? 

Et j'ai trié, triééé, pour que ma bouteille revienne

Vous connaissez par coeur les consignes de tri ? Tant mieux. pour la planète, en revanche, pas sûr que ça suffise : l'industrie du recyclage a quelques cycles de retard.

• Le tri ne suffit pas ♻️: en France, le taux de collecte des déchets plastique est de 25%, et 24% des plastiques sont recyclés.
  
  
• Le mirage du recyclage 😴 : recyclables à l’infini, les emballages ? Mythe plus que réalité. 
  - 98% des plastiques ne sont recyclés qu’une fois
  - Le papier peut-être recyclé jusqu’à 7 fois
  - Seul le verre transparent est recyclable à l’infini
  
  
• Tout feu, tout flamme 🔥: ce qui n’a pas pu être recyclé est incinéré, brûlé, et transformé la plupart du temps en “mâchefer”, une matière hautement toxique utilisée en partie pour construire des routes. Si ce n’est pas brûlé, les déchets s’accumulent dans des décharges, dégageant du méthane, un gaz au pouvoir 28 fois plus réchauffant que le CO2.  

Alors, est-ce qu’on peut changer les règles ?

Oui, et pour ça, il suffit d'appliquer... la consigne

Au début du XXème siècle, en France, ça se passait autrement. Flash back... 

Il fut un temps où les consommateurs payaient une consigne pour chaque bouteille en verre achetée, qui leur était restituée lorsqu’ils la rapportaient en magasin. 

Mais avec l’arrivée du plastique dans les 60’s, tout change. Désormais, on écrit sur les bouteilles “ni retour, ni consigne”. Le plastique devient un argument en faveur de l'émancipation des femmes : plus besoin de ramener les bouteilles.

Le revers de la médaille ? Le plastique s’infiltre partout, de nos poubelles à nos océans en passant par notre corps, et ça sans même qu’on s’en rende compte.

Pourtant, la consigne pour réemploi était bien une solution écologique. Par rapport à une bouteille recyclée, elle permet des économies en eau, énergie et CO2 de : 

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On voudrait pas se la jouer réac’, mais... c’était mieux avant, non ? 

Ramener la coupe à la consigne

Doucement, mais sûrement, la consigne commence à faire son grand retour. D’ailleurs 9 Français sur 10 y sont favorables. (selon l'ADEME)

Qu'est-ce qui bloque ?

❌ Modèles de bouteilles trop différents, empêchant d’industrialiser le système.

❌ Étiquettes non adaptées, qui ne partent pas au lavage. 

❌ Manque de volonté des fournisseurs, pour se réorganiser humainement et techniquement.

Mais le marché de la consigne n’a pas dit son dernier mot ! 

Cash sur table : Zoom sur le marché du réemploi

✔️ Forte croissance en France et à l’étranger : le marché français se développe, avec l'émergence de structures, comme Le Fourgon (presque partout en France), ou La Tournée (IDF). En Allemagne, la consigne est toujours en vigueur (bouteilles verre et aluminium), et au Royaume-Uni, Modern Milkman a levé 50M£ en 2022.
✔️ Contexte réglementaire favorable : depuis 2020, la loi AGEC prévoit la fin du plastique à usage unique pour 2040, et fixe un objectif de 10% d'emballages réemployés en 2027.
✔️ Des leviers actionnables : les acheteurs de l’État ou les collectivités territoriales doivent acheter pour au moins 20% de biens issus du réemploi.

L'analyse de Lita

Chez Lita, nos analystes passent leurs journées à décortiquer les innovations écologiques & solidaires. Voici leur point de vue sur la consigne :

Les obstacles :

• La flemme : c'est LE frein à son développement. Des entreprises comme Le Fourgon se la jouent stratégique grâce à la livraison à domicile & enlèvement des anciens contenants.
• Le manque de pression réglementaire : aucun grand groupe industriel n’a d’intérêt économique à se lancer dans la consigne, faute de sanctions réglementaires.
• Le volume : pour que ça fonctionne, il faut embarquer les industriels qui représentent le plus gros volume de contenants. Plus il y a de volume, plus les investissements et coûts de transports sont amortis.

Pourquoi on mise dessus :

• L'économie de ressources et l'impact biodiversité & santé : la consigne est le moyen le plus efficace de se détacher du plastique et de ses effets nocifs.
• Créer des emplois : locaux et non délocalisables, grâce aux centres de logistique (transport, tri) et de lavage.
• Faire perdurer des savoir-faire industriels perdus : dans le cas du Fourgon, l’entreprise garde la maîtrise du gisement des bouteilles, mais délègue le lavage à des entreprises locales (Bout à bout, Haut la consigne).

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Pour aller plus loin : 

• Découvrir le portrait de Charles Christory, le co-fondateur et PDG du Fourgon, l'entreprise, déjà financée deux fois sur Lita, qui veut réhabiliter la consigne en France et en Europe.
• Se renseigner sur les impacts néfastes du recyclage en écoutant le podcast "Le recyclage est une ordure" d'ARTE Radio