Entre Simon Desrumaux et le métal, ça n’a pas été le coup de foudre immédiat. (En même temps, est-ce qu’il peut y en avoir un ?).
Mais, sans qu’il s’en aperçoive vraiment, le métal a réussi à se faire une petite, puis une grande place dans son parcours professionnel, jusqu’à devenir sa raison d’entreprendre et même de s’engager.
C’est en 2022 que Simon crée Metamo, la première plateforme de réemploi du métal à destination des entreprises du BTP et des collectivités locales, en Occitanie. Comment s’est-il emparé du sujet ? Qu’est-ce qui l’anime dans ce projet ? Pourquoi le réemploi participe à la réindustrialisation ? On lui a posé toutes ces questions, et bien plus encore !
Résumé
Faire du métal un levier d’engagement
Simon Desrumaux débute sa carrière en 2016 dans une banque d’investissement à l’étranger où il travaille sur des sujets immobiliers.
Assez vite, il est rattrapé par le réemploi puisqu’il prend la direction financière de Cycle Up en 2020, un cabinet d’études spécialisé en réemploi des matériaux de construction. Dans ce cadre, il participe au rachat de NOGUES, une entreprise de métallerie conventionnelle située en région toulousaine. Ce point de rencontre entre métal et réemploi va être déterminant dans son choix d’entreprendre.
Mais le vrai déclic se fait au moment du Covid : “Pendant cette période, je travaillais chez Cycle Up, et on a eu un gros coup de stress sur la pérennité de l’entreprise. J’ai pris conscience de la trop forte dépendance qui pesait sur les circuits d’approvisionnement des matériaux, surtout vis-à-vis des autres pays.”
Simon est issu d’une famille d’entrepreneurs, il n’avait pas envie d’être salarié d’une entreprise toute sa vie. De là naît l’envie de créer une entreprise qui permet de réemployer les métaux localement. C’est le début de l’aventure Metamo.
Le réemploi du métal, la brique manquante du bâtiment
Simon part d’un constat simple. Aujourd’hui, dans le bâtiment, on jette à la décharge des pièces métalliques qui ont entre 20 et 30 ans, alors qu’elles pourraient être utilisées pendant encore 200 ans. Pour Simon, ça n'a pas de sens.
Son objectif ? Créer une filière nationale de réemploi du métal. C’est d’autant plus excitant qu’il y voit une opportunité d’allier business, écologie, et impact territorial.
Le réemploi du métal est un marché naissant, qui se structure, mais qui pourrait bientôt générer un fort volume économique, car c’est le matériau qui présente la plus forte capacité de réemploi.

La réglementation joue aussi en sa faveur : la loi AGEC impose un taux de matériaux réemployés dans la construction de 5% d’ici à 2028.
Il y voit aussi le moyen de s’engager à l’échelle de son territoire. Aujourd'hui, la France est le premier exportateur de métaux à recycler en Europe. Ils partent vers l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne ou l’Italie. Rien qu’en 2021, la France a exporté 342.000 tonnes d’aluminium, soit près de la moitié de la collecte réalisée sur ce matériau. (source : Vert, le média).
“Pour moi, c’était indispensable de créer cette brique manquante entre démolition et construction. Mon ambition avec Metamo c’est de massifier le recours au réemploi du métal, pour en faire une solution industrielle, 100% française”, explique Simon.
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Affronter les mastodontes du bâtiment, avec une approche radicale
Si les plans sont ambitieux, Simon et son équipe se retrouvent confrontés à la réalité du milieu.
“Le bâtiment, ce n’est pas le secteur le plus innovant. Les gens sont plutôt réfractaires au changement, et on doit redoubler d’efforts pour prouver que notre approche fonctionne. On a envie de taper un gros coup dans la fourmilière !”.
C’est ce qui anime Simon au quotidien : faire les choses différemment, en assumant une forme de radicalité : “J’essaye d’impulser une logique ultra-vertueuse dans tout ce que l’on fait chez Metamo, quitte parfois à renoncer à certains clients, parce qu’on ne les sent pas assez sincères dans leur démarche”.

Un pari osé pour une jeune start-up, mais qui fonctionne. Metamo a déjà remporté des marchés publics significatifs, et compte réemployer 1.200 tonnes de métal en 2024.
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Elle souhaite aussi créer la première usine française de requalification de matières métalliques.
“On se bat tous les jours pour que ça marche, et être entrepreneur ce n’est pas simple, il y a des jours avec et des jours sans. Mais ça m’apporte une très grande source de satisfaction au quotidien, je ne pourrais plus revenir en arrière maintenant”.
Pour rejoindre l’aventure Metamo, et participer à la circularisation de la filière métal, ça se passe maintenant sur Lita.
Pour moi, c’était indispensable de créer cette brique manquante entre démolition et construction. Mon ambition avec Metamo c’est de massifier le recours au réemploi du métal, pour en faire une solution industrielle, 100% française
J'essaye d'impulser une logique ultra-vertueuse dans tout ce que l'on fait chez Metamo, quitte parfois à renoncer à certains clients, parce qu'on ne les sent pas assez sincères dans leur démarche